La radio comme plateforme de formation au journalisme est le média le plus utilisé par la majorité des centres de formation et d’enseignement du journalisme interrogés dans le rapport inaugural « Mapping Journalism Training Centres in sub-Saharan Africa ». L’étude a également révélé que les compétences numériques sont un domaine de formation prioritaire pour ces centres, tandis que les compétences numériques multimédias sont identifiées comme un besoin pour les étudiants et les journalistes en exercice.
Des compétences numériques avancées pour la recherche et la collecte de données sont nécessaires et sont considérées comme une valeur clé pour de nombreux centres de formation au journalisme, car les journalistes doivent désormais rendre compte de questions plus complexes, le paysage médiatique continuant à évoluer en même temps que la technologie. Les écoles de journalisme doivent également s’adapter à ces changements.
Cette nouvelle étude, menée par Wits Journalism et le FOJO Media Institute, vise à dresser le tableau des centres de formation au journalisme en Afrique subsaharienne. Le projet a identifié 127 centres (principalement des universités, collèges et instituts) dans 19 pays. Cependant, ce rapport inaugural, publié en décembre 2020, s’est concentré sur les centres de formation et d’enseignement du journalisme dans 10 pays. Ces pays comprennent l’Afrique du Sud, le Mozambique, la Namibie, le Nigeria, l’Ouganda, le Ghana, l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi et l’île Maurice.
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Cette première étude cartographique exclut les centres des pays africains francophones et n’inclut qu’un seul des cinq pays lusophones. Les pays qui ont été inclus dans le rapport ont été sélectionnés sur la base des partenaires du projet de Fojo Media et Wits Journalism. Toutefois, 55 centres de formation au journalisme ont été recensés dans la région. Le rapport ne fait pas une évaluation de la qualité ou de la force des centres de formation mentionnés dans cette étude.
L’objectif principal de cette étude était d’identifier les tendances de l’enseignement et de la formation en journalisme, les défis et les domaines de créativité et d’enseignement, ainsi que la manière dont ils répondent à un environnement en mutation.
La COVID-19 a accéléré l’intérêt pour l’enseignement en ligne et a forcé les institutions à trouver des moyens alternatifs pour enseigner, comme l’utilisation d’outils et de plateformes comme Zoom, Google Classroom, Microsoft Teams et WhatsApp. Le rapport note que « la pandémie a modifié les perceptions de ce qui est possible. » Certains centres de formation ont également expérimenté d’autres formes d’enseignement comme l’apprentissage en ligne qui comprend un apprentissage mixte et/ou des modules uniquement en ligne.
Parmi les centres étudiés, le Namibia Media Trust est la seule institution à avoir expérimenté les cours en ligne ouverts et massifs (massive open online courses, MOOC). De nombreux centres émergent de la pandémie avec une approche renouvelée de l’enseignement à distance et de son potentiel. Un modèle d’enseignement hybride pourrait être une opportunité pour l’apprentissage à l’avenir. Des institutions comme le Namibia Trust et le Premium Times Centre for Investigative Journalism cherchent à exploiter les opportunités de l’apprentissage en ligne dans les pays d’Afrique francophone. Mais les défis liés aux données et à la bande passante restent une épine pour nombre de ces institutions.
Autres faits marquants
- La formation pratique est une priorité pour tous les médias et est considérée comme le meilleur moyen de préparer les étudiants en journalisme à la salle de rédaction. La formation, tant pour les étudiants que pour les journalistes en exercice, est considérée comme un marqueur et un facteur de différenciation important.
- Les formations et les cours de journalisme d’investigation constituent un aspect important pour de nombreux centres, et sont en forte demande. Des connaissances et des outils d’investigation à utiliser pour les pays ayant un accès limité à l’internet sont nécessaires. D’autres compétences en matière d’investigation sont requises, notamment pour le journalisme de données, les techniques d’investigation avancées, la sécurité numérique et la vérification des faits, pour n’en citer que quelques-unes.
- Les compétences numériques sont essentielles et particulièrement importantes pour le journalisme d’investigation. Le rapport note que la formation au journalisme de données est quasi inexistante en Afrique de l’Ouest.
- Introduire des cours de relations publiques dans la formation au journalisme. Comme le note le rapport, de nombreuses étudiantes diplômées ne restent pas longtemps dans le journalisme et se dirigent souvent vers les relations publiques et la communication d’entreprise. Cette étude démontre également que les compétences journalistiques et multimédias enseignées dans les établissements d’enseignement supérieur sont « transférables dans toute une série de parcours professionnels ».
- Le rapport extrapole des résultats mitigés sur le genre, faisant état d’un nombre plus élevé d’étudiantes que d’étudiants. Certains centres ont constaté que moins de femmes étudiaient le journalisme à un niveau supérieur. Toutefois, l’étude note que le changement s’opère dans la salle de rédaction, où les femmes sont moins nombreuses à travailler longtemps par rapport à leurs homologues masculins.
Quelles sont, selon vous, les compétences clés dont un journaliste a besoin pour 2021 ? Comment les écoles de journalisme doivent-elles répondre aux besoins en compétences pratiques et évolutives des journalistes ? Faites-nous part de vos commentaires ci-dessous ou envoyez-nous un courriel avec vos réflexions à info@jamlab.africa.
Vous pouvez lire le rapport de recherche complet ci-dessous.