NileWell est une nouvelle plateforme qui met en relation des journalistes, des scientifiques et des chercheurs en environnement dans la région du bassin du Nil. « Au fil des années, nous nous sommes rendu compte qu’il existe un manque de confiance entre les journalistes et les scientifiques. Les scientifiques sont souvent les personnes qui collectent et publient les données auxquelles les journalistes doivent accéder pour leurs articles. Nous avons réfléchi à la manière de promouvoir la coproduction d’articles et différentes collaborations », déclare Annika McGinnis, journaliste spécialisée dans les données environnementales et cofondatrice d’InfoNile.
La fonctionnalité de base de la plateforme est de trouver ou de se connecter avec un journaliste ou un scientifique. L’objectif de NileWell est de promouvoir le journalisme environnemental basé sur la science en facilitant la collaboration entre journalistes et scientifiques. Un grand nombre de personnes se sont inscrites, mais nous n’en sommes qu’au début. »
Avant de lancer la plateforme, l’équipe d’InfoNile a passé une année à mener des enquêtes auprès des journalistes et des scientifiques de son réseau afin de comprendre le problème des deux côtés. Grâce à leurs recherches, ils ont constaté que les journalistes étaient confrontés aux problèmes suivants : manque d’accessibilité aux rapports, langue et disponibilité des recherches. Les préoccupations des scientifiques étaient les suivantes : le manque de compétences en communication scientifique (incapacité à vulgariser les informations scientifiques), le partage des informations et le manque d’intérêt des journalistes pour les articles scientifiques.
L’intention de NileWell est de répondre aux problèmes auxquels les journalistes et les scientifiques sont confrontés. Sur la plateforme, un journaliste peut rechercher un scientifique et prendre contact en lui envoyant un message direct. « Nous voulons que les journalistes et les scientifiques travaillent ensemble pour obtenir des faits », selon Fredrick Mugira, journaliste spécialiste de l’eau et du changement climatique et cofondateur d’InfoNile.
Mugira explique que les histoires sur le Nil et l’eau sont souvent politisées et que leur objectif est de se concentrer uniquement sur les faits. Cela consiste à présenter au public des choses communes d’une manière différente afin qu’il puisse acquérir de nouvelles perspectives et voir le monde différemment.
« Lorsque les journalistes travaillent avec des scientifiques, ils obtiennent des informations qui font l’objet de recherches et ces informations sont mises à la disposition des gouvernements et des diplomates et les aident à prendre une décision éclairée concernant le Nil et les communautés environnantes », déclare Mugira.
NileWell est le projet phare d’InfoNile, un groupe de géojournalistes dont la mission est de découvrir des idées de reportages importantes sur les problèmes d’eau dans le bassin du Nil grâce à des articles multimédias basés sur des données. Le bassin du Nil comprend 11 pays du nord-est de l’Afrique : Rwanda, Burundi, République démocratique du Congo (RDC), Tanzanie, Kenya, Ouganda, Éthiopie, Érythrée, Soudan du Sud, Soudan et Égypte. InfoNile fait partie de Water Journalists Africa, le plus grand réseau de journalistes spécialisés dans les questions d’eau sur le continent africain.
« La plupart des médias du bassin du Nil sont nationalistes dans leur approche sur les questions relatives à l’eau. L’eau est une question très politique dans la plupart des pays du bassin du Nil, mais il s’agit pourtant d’une ressource partagée dont beaucoup de gens dépendent et qui est également très menacée par le changement climatique et l’augmentation de la population, de plus en plus de gens ont besoin d’eau, mais l’eau est menacée par l’activité humaine et le changement climatique », selon McGinnis. « Nous voulions réunir des journalistes de ces pays pour réaliser des reportages transfrontaliers. Nous ne nous intéressons pas aux questions nationalistes, mais à la manière dont chacun peut partager cette ressource à une époque où l’eau se fait plus rare », explique McGinnis.
InfoNile effectue des enquêtes transfrontalières, notamment sur les transactions foncières avec l’étranger, le trafic et la conservation de la faune sauvage, le changement climatique et l’impact des grands barrages, afin de promouvoir la collaboration entre les pays et les nouvelles techniques de géorécit telles que les cartes basées sur des données, les vidéos de drone et les images satellites. Ils créent des cartes interactives et exploitables sur les questions liées à l’eau et à l’environnement, et y associent des reportages afin de donner un aspect humain aux données.
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