Aisha Salaudeen est journaliste multimédia, féministe, productrice et écrivaine primée. Elle travaille en free-lance depuis quatre ans. Salaudeen raconte des histoires à travers les podcasts, les images, les vidéos et les mots.

Elle est actuellement productrice pour CNN, où elle produit des émissions telles que Inside Africa, African Voices Changemakers, et Marketplace Africa : Out of Africa. Salaudeen est la cofondatrice de Visual Audio Times, un réseau de podcasts qui fournit un contenu localisé pour les Africains et la diaspora africaine. Elle anime et produit également I Like Girls, un podcast sur les femmes africaines et les effets inattendus de la vie sur elles.

Salaudeen a couvert des sujets dans plus de 30 pays africains, dont la Namibie, le Kenya, le Ghana, l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Éthiopie.

1.) Comment avez-vous débuté en tant que journaliste et qu’est-ce qui vous a poussé vers cette profession ?

J’ai commencé à m’intéresser aux médias lorsque j’étais à l’université. Mon amie faisait partie de la station de radio de l’école et j’aimais beaucoup ce qu’elle faisait. Ma carrière de journaliste a officiellement débuté lorsque j’ai commencé à écrire des articles sur les questions sociales au Nigeria. J’avais beaucoup de choses à dire sur le gouvernement du Nigeria et j’envoyais ces articles aux journaux nigérians. Les gens réagissaient bien à ces articles et c’est ainsi que j’ai découvert que j’étais douée pour l’écriture. Le fait de passer à la radio et d’écrire des articles sur des sujets de société a donné le coup d’envoi de ma carrière de journaliste.

2.) Quand avez-vous compris que les mots avaient du pouvoir ?

Lorsque j’ai commencé à écrire des articles sur des questions sociales au Nigeria, les gens y prêtaient attention ou les amplifiaient en les partageant. Au début, j’ai commencé à écrire parce que j’avais envie de fulminer, puis je me suis rendue compte que beaucoup de gens se retrouvaient dans ce que j’écrivais. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que les mots peuvent susciter le changement et avoir une influence.

3.) Quelle histoire a eu le plus grand impact pour vous ?

En 2018, j’ai écrit un article sur une communauté de l’État d’Ogun au Nigeria ou les habitants vivaient dans la fumée depuis 25 ans. Je me suis rendue sur place et j’ai mené une enquête, j’ai parlé aux membres de la communauté et j’ai pris des photos. C’était la première grande histoire qui a eu un impact énorme sur moi parce que je ne pouvais tout simplement pas croire les conditions de vie, c’était une catastrophe environnementale et cela a eu un impact parce que beaucoup de gens ne connaissaient pas cette communauté et cela m’a poussé à faire plus attention au climat, même aujourd’hui c’est quelque chose auquel qui m’interpelle.

4.) Comment les réseaux sociaux ont-ils influencé votre travail ou votre façon d’écrire des articles ? Quel rôle les réseaux sociaux jouent-ils dans votre façon de raconter des histoires ?

Le monde change et les réseaux sociaux en font partie intégrante. Pour les journalistes qui, comme moi, doivent suivre les tendances ou l’évolution de la technologie, les réseaux sociaux sont utiles, car ils permettent d’obtenir des informations pour des articles et de recueillir des données. Par exemple, pendant les manifestations #EndSars au Nigeria, tout le monde documentait en temps réel ce qui se passait dans leur région, il y avait des photos, des vidéos, des messages vocaux et des vidéos Instagram Live, donc vous pouviez faire des reportages en temps réel ou vous pouviez rassembler des données basées sur les réseaux sociaux. Je ne saurais trop insister sur l’importance des réseaux sociaux, ils sont très utiles pour obtenir des données, et atteindre des sources. Cela a été incroyablement utile.

5.) Vous interagissez régulièrement avec des personnes en ligne et pensez-vous qu’il est important pour les journalistes de communiquer régulièrement en ligne ?

Je pense que cela est important, surtout pour un journaliste numérique, de publier des articles en ligne. Vous faites connaître aux gens les articles que vous avez écrits et nous savons que les réseaux sociaux peuvent amplifier le contenu, en diffusant votre contenu à un public plus large et en construisant une communauté, dans le sens où les gens peuvent se retrouver dans vos histoires. C’est grâce aux réseaux sociaux que j’ai obtenu mon emploi actuel. Je publiais constamment tout ce que j’écrivais et je communiquais avec les gens, c’est comme ça que j’ai reçu un message pour un entretien d’embauche. Il a été extrêmement utile d’être présent sur les réseaux et de communiquer avec d’autres personnes.

6.) En tant qu’auteur numérique, pensez-vous qu’en termes d’orientation du journalisme, il est nécessaire de disposer de plusieurs formes de narration ?

Je pense que cela dépend de l’histoire. Le monde est en constante évolution et il faut trouver la meilleure façon de raconter son histoire. Parfois, le texte convient parfaitement, mais d’autres fois, il faut en faire un podcast ou une version audio. Je ne veux pas dire que nous devons tous passer au numérique, le texte est important, mais vous devez trouver ce qui fonctionne le mieux pour votre histoire, surtout en fonction de votre public.

7.) Vous êtes la cofondatrice d’une plateforme de podcasting, comment avez-vous trouvé ce rôle et quel type d’histoires racontez-vous ?

Le podcasting est encore un concept auquel les gens doivent s’habituer, surtout en Afrique. Le podcasting est difficile, car les gens pensent encore qu’il s’agit d’une radio et qu’il faut une connexion internet pour écouter un épisode. Beaucoup de gens n’ont pas accès aux smartphones, donc c’est encore très difficile, c’est nouveau et très spécialisé. Cependant, j’apprécie cette activité parce que c’est une autre façon de raconter une histoire, c’est agréable, mais cela comporte des défis. Nous racontons une variété d’histoires, le podcast que j’anime, qui s’intitule I like Girls, documente les expériences des femmes africaines et la façon dont la vie les touche différemment.

8.) Quels conseils donneriez-vous aux journalistes/producteurs/conteurs multimédias en herbe ?

Le journalisme est difficile. Il y a tellement de défis à relever en Afrique, comme le manque de liberté de la presse, les journalistes sont mal payés et je pense que les gens devraient garder cela à l’esprit, mais c’est gratifiant si vous aimez ça. Il faut être ouvert d’esprit, quand on débute, on commence par faire un travail qu’on n’aime pas vraiment, car il faut acquérir le plus de compétences possible. Je souhaite que les gens utilisent davantage les réseaux sociaux. Par exemple, ceux qui travaillent en free-lance diront qu’ils n’ont pas d’endroit où publier leur travail, mais vous pouvez utiliser les médias, Twitter ou toute autre plateforme de réseaux sociaux. Il est important de travailler sur votre profil.

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