L’encyclopédie gratuite, complétée par des individus du monde entier, est souvent l’un des premiers résultats de toute recherche Internet de base, mais Wikipédia peut être un outil puissant pour les journalistes africains dans leur travail.
Le site compte plus de 6 millions de rubriques en anglais, et environ 340 000 utilisateurs actifs qui écrivent dans plus de 280 langues au total. Il a presque deux décennies et est généralement classé parmi les sites Web les plus populaires au monde.
Bobby Shabangu, directeur de WikimediaZA en Afrique du Sud, explique que « les journalistes peuvent l’utiliser pour obtenir un ensemble de références dans une plateforme centralisée à partir des références enoncées dans les articles de Wikipédia ou l’utiliser pour vérifier les faits d’une histoire ou du profil d’un individu et également utiliser le portail d’actualités de Wikipédia pour écrire et informer le public sur les événements actuels. »
Abubakar Idris, journaliste spécialisé dans la technologie chez TechCabal, basé au Nigeria, déclare : « Je pense que Wikipédia est un excellent outil journalistique qui permet d’obtenir une information instantanée ou une connaissance de base sur n’importe quel sujet. Cependant, il nécessite plus de vérification des faits que d’autres outils ». Il explique que cette vérification des faits peut consister à regarder si l’URL des sources semble crédible et à lire les informations de la source citée.
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Jonathan Rosenthal, rédacteur en chef pour l’Afrique chez The Economist, convient que c’est un bon point de départ. Il déclare : « Je pense que c’est assez utile comme point d’entrée pour essayer de comprendre des sujets, des pays ou des régions, mais je le vois surtout comme le début de la recherche, pas comme la fin. » M. Rosenthal estime que Wikipédia est utile pour résumer des sujets souvent complexes et pour trouver des informations provenant de différents endroits.
La salle de rédaction de Rosenthal a une politique stricte de vérification des faits, et les rubriques de Wikipédia ne sont pas considérées comme une source crédible en soi. Cependant, l’utilisation de la liste des sources pour trouver des documents originaux et vérifier leur authenticité et leur exactitude est un bon outil. Il ajoute que ces dernières années, Wikipédia a commencé à archiver des documents ou à établir des liens vers des archives telles que la WaybackMachine, ce qui signifie que les journalistes peuvent être en mesure de trouver des documents ou des sites Web qui ne sont plus facilement accessibles.
Shabangu conseille aux journalistes de contester les informations. Il déclare : « S’ils ne sont pas satisfaits de la façon dont l’article a été rédigé, ils peuvent le soumettre à un forum de discussion où un système de vote sera mis en place sur la neutralité du contenu ou l’authenticité des références utilisées, et un consensus sera alors atteint pour reformuler, ajouter plus de références ou supprimer l’article. »
Conseils et astuces
Si beaucoup d’entre nous avons déjà utilisé Wikipédia pour lire des articles, il existe aussi une fonctionnalité pour les journalistes et toute autre personne intéressée.
Le conseil de Rosenthal est d’utiliser la fonctionnalité des tableaux pour trier les informations par colonne ou ligne, ce qui permet de trouver plus facilement ce que l’on cherche.
Si Wikipédia a peu de contenu en langues africaines locales, M. Rosenthal estime que les différentes parties linguistiques du site Web peuvent offrir la possibilité d’accéder à un contenu différent. Selon lui, « il est souvent très utile, surtout lorsqu’il s’agit de pays francophones, de se tourner vers les rubriques en français plutôt qu’en anglais. »
Pour approfondir les sujets controversés, le président du groupe d’utilisateurs de Wikimedia au Nigeria, Olaniyan Olushola, conseille de consulter l’onglet « Afficher l’historique » d’une rubrique pour voir toutes les modifications apportées à cette rubrique, y compris les discussions sur ces modifications.
À partir de là, les journalistes peuvent cliquer sur d’autres statistiques de la page, notamment la date de première publication de la rubrique, qui peut être importante pour vérifier si l’article sur un événement récent est correct. Il existe également des informations sur le nombre de rédacteurs impliqués. Si ces dernières peuvent fournir des informations intéressantes, Olushola conseille de ne pas s’y fier, car les noms d’utilisateur ne sont souvent pas clairs ou bien d’entre eux font usage de pseudonymes.
M. Olushola attire également l’attention sur la section « Aperçu » de la rubrique « Historique des affichages », qui permet non seulement de connaître la popularité d’une rubrique au fil du temps, mais aussi de comparer différentes pages, par exemple celles de différents politiciens lors d’une élection.