Le Fonds pour le journalisme a organisé un webinaire sur la manière dont les ONG et les journalistes d’investigation peuvent former des partenariats plus efficaces tout en respectant l’indépendance des journalistes. Au cours de ce webinaire, des journalistes d’investigation qui traitent fréquemment de la traite des êtres humains ont donné leur avis et des conseils sur la manière dont les journalistes peuvent rendre compte de la traite des êtres humains.
Malgré l’intérêt des médias pour la traite des êtres humains, les ONG ont constaté certains problèmes dans la manière dont les médias rendent compte de la traite des êtres humains.
Merel Brouwer est chercheuse pour La Strada International, une plateforme qui lutte contre la traite des êtres humains. Elle a énuméré les façons dont les journalistes ne rendent pas correctement compte de la traite des êtres humains.
Premièrement, l’accent est mis sur l’exploitation sexuelle telle qu’elle est « vendue » : les reportages se concentrent souvent sur les femmes victimes, décrivant où, par qui et comment elles ont été exploitées sexuellement, ainsi que l’arrestation et le procès des auteurs. Cette façon de rendre compte « est problématique, car elle renforce les stéréotypes et rend légitime l’opinion dominante et erronée selon laquelle la traite des êtres humains est un crime qui touche uniquement les femmes dans le commerce du sexe ».
Deuxièmement, il y a une forte demande pour les histoires sensationnelles. Brower explique que de nombreux journalistes s’efforcent de trouver des informations choquantes et susceptibles de susciter l’indignation. « Nous voyons rarement des articles sur ce qui est arrivé aux victimes. Par exemple, ont-elles reçu le soutien mental et juridique nécessaire et comment les victimes ont-elles été traitées par les forces de l’ordre ».
Troisièmement, « les journalistes veulent souvent interviewer la victime, mais est-ce vraiment dans l’intérêt de la victime ? Avez-vous pensé à la victimisation secondaire et aux risques », déclare Brouwer.
Enfin, les informations contenues dans les articles ne sont pas toujours correctes ou vérifiées. Selon Brouwer, il est important que les journalistes travaillent avec les ONG afin d’obtenir des informations correctes sur des cas particuliers.
Sasa Dragojlo, journaliste au Balkan Investigative Reporting Network, déclare qu’il est important que les journalistes consacrent du temps à la recherche et au suivi des cas de traite des êtres humains. Son engagement sur ce type de sujets a contribué à établir la confiance et les gens sont capables de l’approcher, y compris les travailleurs, les syndicats et les ONG.
« Les journalistes doivent respecter le code d’éthique, protéger les sources et la confidentialité, ils ne sont pas seulement des sources, mais aussi des victimes. De nombreux journalistes instrumentalisent les victimes afin de publier une histoire », déclare Dragojlo.
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